Les quatre meilleurs outils dans la boîte de l’adversaire coriace

Part 2 - Le cue-bid

Lors des enchères, la confusion peut vite s’installer. Quand devons-nous surenchérir ou passer ? Peut-on contrer ? Comment surenchérir à bon escient ? Autant de questions qui peuvent trotter dans la tête d’un joueur pendant qu’il est assis à une table de bridge.

Dans cette deuxième partie d’une série de quatre, nous examinerons le cue-bid, l’un des outils qui vous permettront de devenir un adversaire coriace.

Les enchères sont un exercice difficile dans de nombreuses donnes. Lorsque vous détenez la majorité des points, vous devez non seulement déterminer la bonne couleur mais aussi le palier idoine. Parfois, en essayant de déterminer jusqu’où jouer le contrat, vous avez déjà amené votre camp trop haut (pensez à toutes ces propositions refusées…).

La boîte à enchères offre un nombre limité de possibilités. Certains d’entre vous regardent cette boîte et voient toutes ces enchères comme autant d’options, mais regardez à nouveau. Sur une donne de bridge "moyenne", notre camp possédera environ la moitié des points. Sur ces donnes, nos choix d’enchères se limiteront au niveau de 3 (en-dessous de 3SA). Cela signifie que toutes les autres enchères (au-dessus de 3) ne seront pas des options pour notre camp. En tant qu’enchérisseurs, nous devons donc tirer le meilleur parti du nombre limité d’enchères que nous aurons à produire sur ces mains moyennes.

Lorsque les adversaires interviennent, nos options sont encore plus limitées. En tant qu’adversaires coriaces, nous allons apprendre à utiliser ces choix limités de manière constructive pour notre camp et/ou destructive pour l’autre camp.

Nous avons examiné le côté "destructeur" dans la partie 1 de cette série, il est maintenant temps d’examiner l’enchère constructive la plus importante que nous utiliserons lors des enchères compétitives.

Le cue-bid

Avant d’entamer notre importante discussion sur les cue-bids, je vais partager avec vous un schéma montrant les enchères de soutien dans le silence adverse vs dans une séquence compétitive.

Soutiens non compétitifsPoints et fitSoutiens compétitifs
1 – passe – 26 – 10 points,
fit au moins huitième.
1 – 2♣ – 2
1 – passe – 310 – 12 points,
fit au moins neuvième
.
1 – 2♣ – 3
1 – passe – 2X
suivi d'un soutien
Au moins 13 points,
fit au moins huitième.
1 – 2♣ – 3
1 – passe – 2SAAu moins 13 points,
fit au moins neuvième.
1 – 2♣ – 3
1passe – 4Moins de 10 points,
fit au moins dixième.
1 – 2♣ – 4
-------4-7 points,
fit au moins neuvième.
1 – 2♣ – 3

Remarquez qu’en enchères à deux, nous disposons de toutes nos méthodes standard. Nous pouvons fitter classiquement "limite" au niveau de 3, nous pouvons faire un Jacoby à 2SA avec nos meilleures mains fittées. Mais lorsque les adversaires interviennent, nous avons déjà perdu une partie de notre précieuse marge de manœuvre et risquons d’en perdre davantage si les adversaires ont trouvé leur fit. Il est donc très important d’établir le fit et de montrer nos forces rapidement dans ces situations compétitives. Le cue-bid est le moyen idéal pour montrer nos meilleures mains fittées.

REGLES

Lorsque les deux camps ont enchéri une couleur naturellement pendant les enchères, le cue-bid de la couleur adverse :

  • Montre un fit au moins huitième dans la couleur du partenaire. Si le partenaire a montré cinq cartes ou plus, il promet un soutien de trois cartes ou plus.
  • Montre au moins une bonne dizaine de points, en comptant la distribution (singleton, chicane).
  • Est forcing pour un tour

Remarque

Les critères ci-dessus sont tous deux illimités. Le cue-bid démarre à 10+ points et exige un fit de huit cartes ou plus. Mais il peut inclure des mains beaucoup plus fortes avec de bien meilleurs fits.

Le cue-bid peut être utilisé aussi bien lorsque notre camp ouvre les enchères (1♠ – 2 – 3) que lorsque notre camp surenchérit sur l’ouverture adverse (1 – 1♠ – passe – 2).

Regardez à nouveau le schéma ci-dessus du côté des enchères compétitives. Vous devriez voir une tendance. TOUTES nos enchères fortes sont des cue-bids. Avec une main qui aurait nécessité l’utilisation du Jacoby à 2SA dans le silence adverse, nous recourons maintenant au cue-bid. C’est un point important à comprendre. Notre SEULE RELANCE FORTE en compétitives est le CUE-BID.

Donc, maintenant que nos enchères fortes en compétitives sont regroupées en un seul et même type d’enchères, nos autres enchères deviennent plus simples. Notre soutien sans saut reste à 6 à 10 points (mauvais 10 seulement) tandis que notre soutien à saut, auparavant réalisé avec 10-12 points, peut maintenant être utilisé comme un barrage (cf. la première partie de cette série). Cette structure de base des enchères compétitives sera très utile à votre camp si elle est mise en œuvre correctement. Permettez-moi maintenant de répondre aux questions habituelles qui me sont soumises dans mes cours sur ce sujet.

Choisissez votre enchère avec cette main:

Hand 1

La question que l’on me pose le plus souvent est la suivante : "Pourquoi ne pas simplement enchérir 4 avec cette main ? Nous savons que nous avons de quoi jouer la manche et un fit !" Pour être juste, cette logique vous servira bien la plupart du temps, mais elle est très imparfaite.

Tout d’abord, nous utilisons l’enchère de 4 dans les enchères compétitives ET non compétitives pour montrer les MAUVAISES mains (moins de 10 points au total) et un fit de dix cartes ou plus. C’est ce que nous appelons une "enchère de clôture" et c’est un outil essentiel pour notre camp. 

Ensuite, nous gardons notre cue-bid pour les meilleures mains. Avec le cue-bid, nous montrons plus de 10 points ET nous faisons une enchère FORCING ! Si le partenaire n’enchérit pas à la manche en réponse, nous le ferons nous-mêmes avec la main ci-dessus. Vous voyez la différence ? Nous arrivons à la même destination, mais nous montrons différents types de mains avec les différentes méthodes dont nous disposons. Voyons pourquoi cela est si important.

Séquence 1

Séquence 2

Si nous choisissons à tort de dire 4 avec notre main forte (séquence 1), nous allons passer à côté d’un très bon chelem. Si nous choisissons la bonne voie (séquence 2), nous aurons maintenant les bonnes informations et beaucoup d’espace pour explorer le chelem.

Comme nous l’avons déjà dit, le cue-bid peut s’effectuer avec des mains fortes ayant plus de 10 points. Considérons cette séquence :

L’enchère de 3♠ est définitivement un cue-bid et se fait ici avec 13+ points. L’option minimale pour l’ouvreur est de répondre 4 (la manche). 

Voyons un autre triomphe de Sa Majesté le cue-bid avec cette séquence :

Main de l’intervenant

Le cue-bid va nous permettre fréquemment de rester à bas palier quand nous aurons effectué une intervention légère au niveau de 1.

Cela nous amène à un point important : comment répondre lorsque le partenaire a fait un cue-bid ? C’est simple si l’on considère cette enchère d’une seule façon : le cue-bid est une enchère AU MINIMUM PROPOSITIONNELLE. Il faut donc la traiter comme telle.

Si vous avez un fit majeur et une main acceptable (13 ou 14 points minimum), votre camp doit appeler la manche.

Si vous avez un fit mineur et une main avec laquelle vous acceptez l’invitation du partenaire, essayez de jouer en priorité 3 Sans-Atout.

Si vous ne pouvez PAS accepter la proposition de manche, revenez simplement au plus bas palier disponible. Ce sera au partenaire de surenchérir s’il estime qu’il a une force suffisante pour aller à la manche.

Comme pour tout dans le monde du bridge, c’est en forgeant qu’on devient forgeron. Alors, jouez au bridge pour vous confronter à ces situations compétitives qui, vous le constaterez, se présenteront assez souvent.

Dans la troisième partie de cette série, nous discuterons de la façon dont nous modifions nos enchères après que l’adversaire a fait un contre d’appel. À bientôt.

À propos de l’auteur

Rob Barrington est un joueur de bridge professionnel et un enseignant de renommée mondiale. Il est le fondateur de bridgelesson.com et donne de nombreux cours en ligne sur ce site et sur sa chaîne YouTube. Rob réside à West Palm Beach, en Floride.

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