Les quatre meilleurs outils dans la boîte de l’adversaire coriace

Part 1 - Le barrage

Lorsque les deux camps enchérissent, la confusion peut vite s’installer. Quand devons-nous surenchérir ou passer ? Peut-on contrer ? Comment surenchérir correctement ? Qu’est-ce qu’un cue-bid ?

Cet article est le premier d’une série en quatre parties qui répondra à ces questions et vous donnera les outils nécessaires pour devenir un adversaire coriace à la table de bridge.

Les séquences modernes sont devenues très compétitives et peuvent s’avérer assez déroutantes lorsque les deux camps se mêlent de la partie. Par conséquent, l’un des moyens les plus rapides d’améliorer vos résultats est de commencer par maîtriser ces situations d’enchères compétitives. Cette série vous donnera les outils qui vous aideront non seulement à les gérer mais aussi à exercer une pression maximale sur vos adversaires lorsque cela s’avère nécessaire.

Nous commencerons par une enchère qui n’est pas suffisamment utilisée par les joueurs qui se situent au niveau "perfectionnement". C’est ce que j’appelle l’enchère de "l’adversaire coriace". Maîtrisez-la et vous serez en mesure d’exercer une pression maximale sur vos adversaires avec peu de risques pour votre camp. Mettez cette enchère dans votre boîte à outils et utilisez-la aussi souvent que possible.

Considérez ces deux mains mais ne choisissez pas encore votre enchère :

Main 1

Main 2

Imaginez que vous veniez de vous asseoir pour votre partie de duplicate de l’après-midi et voici les décisions d’enchères auxquelles vous êtes confronté sur les deux premières donnes. Avant de faire votre choix, je voudrais que vous réfléchissiez à ce que vous ressentez dans chacune de ces séquences. Dans quel état les barrages des adversaires vous mettent-ils généralement ?

J’ai posé cette question à certains de mes étudiants lors d’un cours récent et les mots les plus courants pour décrire leurs sentiments étaient : confus, incertain, inquiet, en colère, désemparé, mal préparé, frustré et bien d’autres encore.

Ce sont là des sentiments tout à fait normaux que l’on peut éprouver en face d’un barrage. Ces sentiments devraient être particulièrement présents pour vous sur des mains comme celles que j’ai partagées ci-dessus. Avec ces deux mains, je vous ai pratiquement donné des choix impossibles ou, plus exactement, votre adversaire de droite vous a donné ces choix impossibles !

Dans chacune des séquences ci-dessus, votre adversaire de droite a eu recours à un barrage pour gêner votre camp. Comme nous pouvons le voir (et le sentir), cette enchère peut être très efficace. En une seule enchère, l’adversaire vous a privé de la possibilité de montrer votre soutien et vos valeurs à un niveau confortable. Confronté à un barrage, vous aurez rarement un choix évident et c’est ce qui rend cette enchère si efficace ou, comme le disent beaucoup de mes étudiants, si "ennuyeuse". Tout ce que vous pouvez faire, c’est faire votre choix et reconnaître l’excellente enchère de l’adversaire. Notez-le comme un "adversaire coriace" pour vous y référer ultérieurement.

Les adversaires coriaces à la table sont ceux qui savent exercer une pression maximale sur l’autre camp tout en faisant des choix normaux avec leurs cartes. Le barrage est un outil formidable pour ces adversaires coriaces ! Voyons comment il fonctionne.

Le barrage est utilisé presque exclusivement dans les enchères compétitives. Un soutien à saut de la couleur du partenaire montre un total de points compris entre 4 et 7 (environ) et garantit au moins un fit neuvième.

Examinons une autre main :

Main 3

Faites votre enchère (c’est l’occasion pour vous d’être un adversaire coriace !)

L’enchère correcte est 3 PIQUES ! Voyons pourquoi.

Beaucoup d’entre vous considèrent encore cette enchère de 3 comme une enchère "limite" (10-12H avec un soutien de quatre cartes). Ce traitement n’est plus utile dans une séquence compétitive parce que nous recourons maintenant au cue-bid pour montrer les mains fortes. Cela permet aux soutiens de devenir des enchères de barrage. Ainsi, si nous disposons d’un cue-bid, nous aurons presque toujours un barrage disponible. Si nous avions une main de 11 points et un soutien de quatre cartes dans la séquence ci-dessus, nous ferions simplement un cue-bid à 2 carreaux (10+H et au moins trois cartes de soutien).

Lorsque nous sommes en séquence compétitive et que les deux camps sont susceptibles d’être fittés, nous devrions utiliser la "Loi des levées totales" pour juger du palier où nous devons enchérir. En d’autres termes, nous devrions être prêts à enchérir jusqu’à un palier égal au nombre total d’atouts de notre camp. Dans la main ci-dessus, nous pouvons assumer que les adversaires ont un fit à Cœur et que nous avons un fit de neuf cartes à Pique. La Loi dit donc que nous devrions enchérir pour faire neuf levées, donc atteindre le palier de 3. Si nous savons que nous sommes prêts à aller jusqu’à ce palier et que nous sommes faibles, nous devrions enchérir à ce palier immédiatement ! Pour comprendre pourquoi, revenez aux deux premières mains de cet article et remplacez les enchères au palier de 3 par des enchères au palier de 2. Comment vous sentez-vous ? Vous avez des choix beaucoup plus faciles, n’est-ce pas ?

C’est pourquoi il faut barrer !

Soyez cet adversaire coriace et donnez à l’autre camp des choix difficiles tout en rendant vos choix simples 🙂 (Je ne saurais mentionner la "Loi des levées totales" sans vous renvoyer aux livres extraordinaires de Larry Cohen sur le sujet).

Après avoir fait votre enchère de 3 Piques, ayez une pensée pour votre adversaire de gauche en espérant qu’il ressente ce que vous ressentiez au début de cet article !

Dansons à nouveau :

Main 4

Faites votre choix ...
L’enchère correcte est 3 COEURS!

Elle permet de barrer les adversaires, de rendre plus difficile pour eux la découverte d’un éventuel fit à Pique. Si vous permettez à votre adversaire de gauche d’enchérir à 2 Piques, celui de droite aura tous les éléments pour savoir s’il peut aller jusqu’à 3 Piques et gagner la bataille de la partielle. Dites 3 Coeurs et mettez l’adversaire au pied du mur. Peut-être se sentira-t-il confus, contrarié, agacé ou même en colère ? La seule chose dont il sera sûr, c’est que vous êtes un joueur difficile à affronter à la table de bridge.

Nous nous reverrons bientôt dans la deuxième partie, où nous discuterons de l’enchère qui va de pair avec le barrage, le cue-bid. D’ici là, n’hésitez pas à laisser vos commentaires ci-dessous.

À propos de l’auteur

Rob Barrington est un joueur de bridge professionnel et un enseignant de renommée mondiale. Il est le fondateur de bridgelesson.com et donne de nombreux cours en ligne sur ce site et sur sa chaîne YouTube. Rob réside à West Palm Beach, en Floride.

3 comments on “Les quatre meilleurs outils dans la boîte de l’adversaire coriace”

  1. Dans la main 1, comment mon partenaire qui a ouvert de 1C va t-il faire la différence entre 3C barrage et un vrai 3C?

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