Le bridge, c’est avant tout une question de partenariat. C’est ce qui le rend unique par rapport à la plupart des autres grands jeux. En particulier, les enchères nécessitent une vraie collaboration : il faut communiquer des informations et résoudre des problèmes à deux.
Quand on forme un partenariat pour la première fois, on commence par des accords de base. Par exemple : « On joue Stayman et Texas ? » Ensuite, on peut affiner : « Pour les enchères de chelem, on utilise le Blackwood ou 1430 ? » Avec le temps, on apprend à mieux connaître le style de son partenaire. Est-il du genre à barrer audacieusement ou plutôt à rester prudent ? Tient-il compte de la vulnérabilité ? Quand il contre, a-t-il généralement une main solide ou est-il plutôt du genre à être agressif ? Ces détails se révèlent en pratiquant ensemble. Mais ce qui fait la différence dans la mise au point des enchères c’est de vraiment impliquer le partenaire dans les décisions.
Plutôt que de deviner seul où finir les enchères, il est important d’avoir des outils qui permettent au partenaire de participer activement – ce qu’on appelle des enchères collaboratives.
Beaucoup de ces outils concernent les enchères de chelem. Les enchères quantitatives, par exemple, sont idéales pour inviter le partenaire à réfléchir avec nous.
1SA — 4SA
Cette séquence demande au partenaire s’il pense qu’un chelem est envisageable.
1SA — 2♦
2♥ — 4SA
Ici, on montre cinq cartes à cœur et suffisamment de points pour essayer d’aller jouer un chelem. Cela donne au partenaire les informations nécessaires pour juger si un chelem est réaliste.
Dans ces deux cas, on implique le partenaire dans la décision.
Un autre accord qui implique le partenaire dans les décisions de chelem est l’enchère Splinter. Les Splinters communiquent un fit, une main encourageant et une courte. Le partenaire est ainsi invité à réévaluer sa main. Si les points du partenaire sont au « bon endroit », un chelem peut être envisageable même avec un nombre limité de points d'honneur. À l’inverse, si ses points sont au « mauvais endroit », il pourrait être difficile même de réussir la manche.
À mesure que notre partenariat évolue, nous pouvons incorporer d'autres outils qui aide au jugement et à la réévaluation durant les enchères, comme les enchères d’essai de manche avec une couleur secondaire (Help Suit Game Try). Cet outil est utilisé après que le partenaire nous soutienne face à une ouverture majeure, établissant clairement l’atout. En nommant une nouvelle couleur à ce stade, nous demandons au partenaire de réévaluer sa main, en particulier la qualité de ses Piques (de bons atouts nous rendent toujours heureux) et son aide à Carreau (des honneurs ou une courte peuvent être utiles). Cela permet au partenaire de focaliser ses réflexions et de prendre la décision finale.
1♠ — 2♠
3♦ — 3♠
Ici, le partenaire signale qu’il n’aime pas ses Carreaux et qu’une manche semble peu probable.
Tous ces outils ont un point commun : ils incitent le partenaire à utiliser son jugement et ses compétences en évaluation de main, en combinant cela avec les informations qu’on lui a données. En les intégrant à vos habitudes, vous favorisez une meilleure communication et renforcez votre partenariat. Et si jamais les choses tournent mal, eh bien… vous pourrez toujours dire que c’est (un peu) la faute du partenaire ! Évidemment, je sais que vous ne le blâmerez pas vraiment – mais si vous sautez directement en manche ou en chelem et que ça ne passe pas, là, ce sera entièrement pour vous !
À propos de l'auteur
Robert Todd est un joueur professionnel et enseignant que vous trouverez partout en Amérique du Nord (et dans le monde). Il est le fondateur d'Adventures in Bridge et vous le trouverez à animer des événements, virtuels ou en personne, presque chaque semaine de l'année ! Robert est également le président de la Fondation Éducative de l'ACBL, où il travaille à construire une institution pour veiller au bien à long terme du bridge !
georges.schneider@free.fr