
Après avoir écrit sur l'amélioration de l'expérience de chacun dans les jeux et tournois occasionnels, j'aimerais maintenant partager quelques réflexions sur la participation à des matchs d'équipe en ligne organisés en privé.
Il peut s’agir de simples rencontres entre deux équipes de quatre amis, de matchs d’entraînement avant une grande compétition, ou même de rencontres officielles dans le cadre d’un tournoi. En Angleterre, par exemple, nous avons plusieurs compétitions nationales par équipes à élimination directe, étalées sur l’année, et je suppose que d’autres pays en ont aussi. Avant la pandémie, les premiers tours étaient souvent organisés par zones géographiques, pour éviter les longs déplacements. Mais une fois qu’on avançait dans la compétition, les trajets devenaient vite inévitables. Aujourd’hui, beaucoup de ces matchs peuvent se jouer en ligne (BBO étant la plateforme la plus populaire) à l’exception des finales, qui ont lieu en face à face.
Ces rencontres sont à mi-chemin entre le jeu amical et le tournoi officiel. D’un côté, elles doivent respecter les règles fixées par les instances nationales ou internationales (même un match amical devrait s’y conformer). De l’autre, elles sont en général moins formelles qu’un tournoi chronométré avec un arbitre présent (quand il y en a un).
J’ai toujours été partisane d’une divulgation complète des conventions, même si je conseille aussi de rester simple. Il est toujours préférable de joindre une carte de conventions à son profil, mais je ne les trouve pas très utiles en parties rapides, surtout entre inconnus. Lire une carte complète pour un match court peut prendre du temps, et quand les donnes peuvent être annulées si elles ne sont pas terminées, chaque minute compte.
Mais dans un tournoi privé, une carte de conventions complète est indispensable. C’est une simple marque de courtoisie de la présenter à ses adversaires, même s’ils ne la lisent pas en détail. L’idéal est d’échanger les cartes par e-mail avant le match, pour que chaque paire ait le temps de se préparer. Si ce n’est pas possible, ou si la carte n’est pas très claire, je recommande que les quatre joueurs soient assis à la table au moins cinq minutes avant le début. Cela permet de se saluer, de consulter les conventions adverses, et de poser d’éventuelles questions.
J’ai vécu plusieurs expériences frustrantes (en ligne comme en présentiel) où des joueurs arrivent à la dernière minute, passent un temps fou à lire ma carte (qui n’est pourtant pas si compliquée !), puis encore plus de temps à discuter de comment contrer certaines conventions inhabituelles. Tout cela empiète sur le temps de jeu. Certains diront que lorsqu’on joue depuis chez soi, le temps importe peu, mais ce n’est pas vrai. Tout le monde s’attend à ce qu’un match se termine vers une certaine heure.
Si vous ne pouvez pas vous connecter plus tôt, prévoyez un créneau pour discuter du système au début et tenez-vous-y.
Une fois la partie lancée, pensez à auto-annoncer vos enchères et à les expliquer. Une carte de conventions ne remplace pas l’obligation de signaler les appels qui pourraient être mal interprétés. Et si vous avez un doute sur une enchère, n’hésitez pas à demander mais envoyez un message privé au joueur concerné. Évitez les questions orientées, du type : « 2SA montrait-il un fit à cœur ? ». Il est plus poli de demander : « Comment jouez-vous 2SA dans cette position ? ». Les questions suggestives peuvent semer le doute chez l’adversaire et parfois provoquer une erreur d’enchère. Un peu de délicatesse peut faire toute la différence.
Si vous avez reçu la carte adverse à l’avance, imprimez-la et gardez-la à portée de main. C’est souvent plus facile de consulter une feuille que de faire défiler un écran. Sinon, prenez quelques notes utiles. Par exemple, relevez leurs méthodes de signalisation ou les enchères inhabituelles. S’ils ne jouent pas les transferts, notez-le et collez un post-it à votre écran. Cela vous fera gagner du temps et évitera à vos adversaires de devoir répondre plusieurs fois à la même question. Mais n’oubliez pas : vous ne pouvez pas consulter vos propres conventions pendant le jeu, comme ce serait le cas en présentiel.
Encore une fois, pensez à votre tempo. Même si vous jouez tranquillement depuis votre canapé, les lenteurs peuvent gêner. Les autres ont peut-être des contraintes, même s’il s’agit juste d’aller se coucher à une heure décente. Soyez attentifs : des plans contrariés rendent les gens mécontents.
Cela dit, les matchs par équipes permettent une certaine souplesse, bien plus qu’un tournoi par paires ou une partie rapide. Les donnes doivent être jouées, mais sans la pression du chronomètre. Il faut simplement éviter de jouer trop lentement ou de faire des pauses trop longues. Le fait de jouer de chez soi n’est pas une excuse pour aller faire la vaisselle ou s’occuper des enfants en plein milieu d’une donne. Chacun consacre du temps à la partie, personne ne devrait rester là à attendre devant son écran.
Et si vous êtes déconnecté·e et que vous savez que cela risque de durer, appelez votre partenaire. Il pourra prévenir les adversaires, ce qui aide tout le monde à rester détendu. Un mot d’excuse bien placé peut faire des merveilles.
Afin d'en apprendre plus, vous pouvez lire la première partie ici et la deuxième ici.
À propos de l’auteure
Nevena est multiple championne du monde et d’Europe. Elle a représenté la Bulgarie, la Grande-Bretagne et l’Angleterre. Elle enseigne le bridge à tous les niveaux, en présentiel comme en ligne.